Approche critique des présences africaines dans l’art à l’aune d’une esthétique de l’ubuntu. Primitivisme, pratiques rituelles et postcolonialité

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Paru dans : Proteus n°19
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L’exposition Un.e Air.e de Famille, présentée du 25 juin au 8 novembre 2021 au musée d’art et d’histoire Paul Éluard de Saint-Denis, fait dialoguer des documents et des objets d’art qualifiés de « primitifs », et qui témoignent du regard ambivalent porté par les surréalistes sur les cultures non occidentales, avec des œuvres réalisées par des artistes femmes contemporaines originaires du continent africain ou issues de ses diasporas. Les œuvres réalisées par Owanto, Eliane Aïsso, Laeïla Adjovi et Tuli Mekondjo présentées ici investissent les pratiques rituelles comme des possibilités de faire éclore les voix étouffées jusqu’à présent, comme des récits intimes et collectifs de libération des blessures de la traite négrière, de la colonisation et de la charge exotique, des présupposés primitivistes et des stéréotypes qui en sont issus. Elles offrent ainsi la possibilité de changer de paradigme et de déclore les arts africains des catégories dans lesquelles il a parfois été enfermé. À travers une esthétique de l’ubuntu caractérisée par les relations justes et harmonieuses des humains avec leur environnement, les artistes développent des pratiques artistiques qui réagissent aux processus d’appropriation et de domination culturelle en même temps qu’elles permettent de penser une nouvelle approche critique des présences africaines dans l’histoire mondialisée de l’art.

Mots-clés : Art contemporain — Surréalisme — Primitivisme — Ubuntu — Afrique

 

em>From June 25 to November 8, 2021 the exhibition Un.e Air.e de Famille puts in dialogue materials and so called primitive, traditional or ritual artworks with some of African and its diasporas women artists. Faced with the surrealists’ambivalent gaze, contemporary artists Owanto, Eliane Aïsso, Laeïla Adjovi et Tuli Mekondjo choose ritual practices as possibilities to bring out voices that have hitherto been muffled, as intimate and collective stories of liberation from the wounds of the slave trade, the colonization and the exotic charge, from the primitivist presuppositions and the stereotypes that are from. They change the paradigm and get out the box in which the African arts sometimes have been locked up. Through an aesthetics of ubuntu that means just and harmonious relations of humans with their environment, artists develop practices that react to the processes of cultural appropriation and domination at the same time as they allow us to think a new critical approach to African presences in the globalized history of art.

Keywords : Contemporary art — Surrealism — Primitivism — Ubuntu — Africa

Farah Clémentine DRAMANI-ISSIFOU
Directeur de publication : Bruno Trentini | Parution 2 fois par an | ISSN 2110-557X | © PROTEUS, 2022 | F