« La fronde de mes huipils ». Femmes et muxes, entre traditions zapotèques et résistances poé(li)tiques (Natalia Toledo et Lukas Avendaño)

Abstract

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Paru dans : Proteus n°19
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Les zapotèques binnizá occupent, par leurs traditions, une place bien particulière dans l’imagerie mexicaine, aussi bien à l’échelle nationale qu’internationale. Les femmes sont ainsi considérées non seulement comme les symboles d’une tradition ancestrale mais aussi comme ceux d’un empowerment indigène, pour leur rôle prédominant dans la vie de la communauté. Les zapotèques apparaissent donc comme une culture tolérante où les différences de genre ne sont pas le lieu d’une domination : ils font aussi figure d’exception en reconnaissant un troisième genre, les muxes. Cependant, cette absence de domination reste paradoxale et se trouve limitée à une certaine vision exotisante des traditions, à l’extérieur de la communauté, qui ne prend pas en compte sa diversité et sa complexité et qui contribue au renforcement des discriminations à l’échelle régionale, nationale et internationale. D’autre part, si certaines des traditions zapotèques sont issues des cultures préhispaniques, d’autres sont en réalité le fruit de la colonisation et de l’imposition forcée du catholicisme. À travers la représentation des rituels qui marquent la vie de la femme zapotèque, Natalia Toledo — poétesse —, et Lukas Avendaño — performer et anthropologue muxe — font de l’art le lieu d’une revendication identitaire, à la fois poétique et politique : interrogeant leurs traditions, ils dénoncent les schémas hétéropatriarcaux et coloniaux pour les déconstruire et faire entendre une voix — leur propre voix — nouvelle.

Mots-clés : Féminisme décolonial — Muxe — Poésie zapotèque — Performance — Rituels

 

The Zapotecs binnizá have, thanks to their traditions, a very specific position in the Mexican imaginary, nationaly and internationaly. The women are considered not only as the symbols of an ancestral tradition, but also as the ones of an indigenous empowerment, by their leading rôle in the community. The Zapotecs give the image of a very tolerating culture, where the gender differencies are not the factor of a domination : indeed, they are considered as an exception when they recognize a third gender, the muxes. However, this tolerancy is still paradoxical and limited to a certain exotic vision of the traditions, outside of the community, which is not considering her diversity and complexity, and is contributing to the rising of the discriminations, on the regional, national and international scale. Moreover, if some of the Zapotec traditions come from the prehispanic cultures, others result from colonisation and catholicism. Through the representation of the rituals which punctuate the life of the Zapotec women, Natalia Toledo - poet, and Lukas Avendaño - performer and anthropologist muxe - make art the place of the claim of an identity, simultaneously poetic and politic : interrogating their traditions, they denounce the hetero-patriarchal and colonial schemes to deconstruct them an make hear a new voice, their own voice.

Keywords : Decolonial feminism — Muxe — Zapotec Poetry — Performance — Rituals

Clémence DEMAY
Directeur de publication : Bruno Trentini | Parution 2 fois par an | ISSN 2110-557X | © PROTEUS, 2022 | F