L’œuvre critique de John Ruskin, bien que répondant à un contexte historique et socio-politique précis (l’ère victorienne et ses penchants pour l’industrie et l’utilitarisme), a eu une certaine influence sur la réflexion et les pratiques artistiques du vingt et du vingt-et-unième siècle, jusque dans le domaine de l’art digital. Sa défense de l’imperfection et de la faillibilité en art peut elle aussi trouver un écho dans la problématique de l’échec qui anime un certain nombre de discussions sur l’art contemporain. La question est de savoir si l’imperfection – et par extension l’erreur et l’échec lui-même – peut être érigée, comme Ruskin nous invite à le faire, en critère d’évaluation des œuvres d’art, sans se voir absorber par le discours dominant du succès et de fait perdre ce qui en elle permet une existence plus authentique et ouvre sur l’altérité.
Mots-clés : Héritage de Ruskin — Imperfection — Faillibilité humaine — Processus créatif
Although John Ruskin’s writings emerged within a particular historical and socio-political context (Victorian Britain, with its penchant for industry and utilitarianism), his ideas have exerted a certain influence on artistic thinking and practices beyond his lifetime, even down to the realm of digital art. His defence of imperfection and fallibility in art are also echoed in the ongoing reflection on failure in contemporary art. The question here is whether imperfection – and by extension mistakes and failure itself – can be used, as Ruskin suggests, as a criterion to assess the value of artworks without being absorbed by the dominant rhetoric of success, and thereby losing its power to bring about a more authentic existence and a fresh take on otherness.
Keywords: Ruskin's Legacy — Imperfection — Human Failure — Creative Process