Cet article se propose de retracer une histoire possible de la pornographie comme matrice sémio-discursive et comme topique sociale. En s’appuyant sur une autre lecture de l’Histoire de la sexualité de Foucault, il s’agit au fond de montrer que ce qu’on désigne aujourd’hui comme l’hyperbole du regard, de l’écran et du graphein, trouve une origine verbale et orale dans l’injonction à « faire parler » le Sexe et l’ensemble de ses déviances. Retranscrite dans des manuels — théologiques puis médicaux — cette injonction s’est répandue à travers une passion documentaire pour toutes les formes d’écriture taxinomique. Si bien que, dans la société des dispositifs qui est la nôtre, l’argument « pornographique » est devenu une sorte de théorie implicite des médias et de la médiation, relativement à la double question de la transparence et de la totalité.
Mots-clés : sexualité — Foucault — Krafft-Ebing — pornématique — porno chic
This papers intends to trace back a possible history of pornography as a semio-discursive matrix and as a social topic. Using as a reference Foucault’s History of sexuality, the point is to show how what is nowadays considered as the hyperbole of the gaze, the screen and the graphein, finds a verbal and oral origin in the injunction to “having speak” Sex itself and all associated deviant behaviours. Written in manuals — first theological then medical ones — this injunction has spread through a passion for documenting all forms of taxonomic writings. In the society of dispositifs which is ours, the “pornographic” argument has become some sort of implicit theory of the medias and the mediation, relatively to the double question of transparency and totality.
Keywords : sexuality — Foucault — Krafft-Ebing — pornématique — Golden Age of Porn