L’esthétique darwinienne est une approche bioculturelle de l’amour des œuvres et de la pratique artistique. Elle est à la recherche des universaux, des constantes transculturelles et des modes d’appropriation communs de l’art au sens large. On peut y avoir recours avec profit pour essayer de comprendre pourquoi certaines figures de style ont un succès durable alors que d’autres disparaissent, ou pourquoi certains thèmes reviennent sans cesse dans les œuvres narratives les plus aimées. L’esthétique darwinienne se combine avec les Cultural Studies et la socio-anthropologie de l’expertise, quand il s’agit de décrire ce que les usagers des œuvres « font avec » elles. Elle consiste également en un instrument de lutte politique, puisqu’elle s’oppose à la « distinction » au sens bourdieusien — elle servira par là à tous les chercheurs désireux d’abandonner la description par l’Ecole de Francfort des industries culturelles, au profit d’une vision moins élitiste et plus rationnelle de leurs effets, tenant compte aussi de leurs points communs avec le « grand art ».
Mots-clés : universaux artistiques — bioculture — jugement de goût — émotion — expert/amateur
The Darwinian theory of aesthetics consists in a biocultural approach of works of art and artistic parctices. It seeks for universals, transcultural items, and modes of appropriation of art in a broader sense. One can use it in order to understand why some stylistic devices gain universal recognition when others quickly fade away, or why some narrative devices remain so popular. The Darwinian theory of aesthetics can mix in an interdisciplarity logic with sociology of the arts, Cultural Studies and anthropology of expertise, to describe what users (e.g. film consumers or novel readers) do with the works they do love. It also provides some weapons for a political struggle against « distinction » according to Pierre Bourdieu. Any researcher who looks into a way to go beyond the description of cultural industries by the Frankfurt School could also find it useful, since it offers a better (and less elitist) account of their social effects, not to mention an analysis of what « low art » and « high art » share.
Keywords : artistic universals — bioculture — judgment of taste — emotion — expert/amateur