L’histoire de la sculpture et de ses transformations dans la modernité, contrairement à celle de la peinture, est semée d’embûches. Nous assistons actuellement à la marginalisation lente mais apparemment sans retour de ce médium et de son éventuelle pertinence dans notre cadre culturel. La pratique du socle, élément apparemment le plus rétrograde de la forme classique de la sculpture, et donc le moins à même d’être un point de départ pour une pensée sculpturale contemporaine, est pourtant porteuse d’un contenu phénoménologique et symbolique fort. La question du socle est celle de sa crise : crise de la verticalité comme valeur plastique, crise de la zone de contact entre la choséité de l’objet artistique et un espace qu’il est censé structurer. En ce sens, le désuétude du socle est le symptôme de la désuétude de nos schèmes spatiaux. C’est ainsi, de proche en proche, que la socle et son histoire peu heureuse retracent celle de nos places et de nos villes.
Mots-clés : sculpture — Buren — monument — société réaliste — non-lieu
Unlike painting, the history of sculpture and its modernist transformations is fraught with pitfalls. Nowadays we experience the slow but apparently inevitable marginalisation of this medium and its potential accuracy in contemporary cultural politics. The pedestal, apparently the most retrograde element of classical sculpture, and thus, the least appropriate to constitute the starting point of a contemporary sculptural thinking, is nevertheless invested with a strong phenomenological and symbolic content. The problem of the pedestal is the one of its crisis : crisis of the verticality as a plastic value, crisis of the contact zone between the artistic object and the space that it is attempting to structure. In that sense, the obsolescence of the pedestal is the symptom of the obsolescence of our spatial schemes. This way, by means of displacement, the misfortunes of the pedestal recount the ones of our urban spaces.
Keywords : sculpture — Buren — monument — realist society — non-places